La crisis libanesa

Carta
OpinionGlobal, 02.02.2020
Riad F. Saade, empresario libanés y consul honorario de Chile en Beirut

Depuis Aout 2019, le Liban vit une expérience unique. De Suisse de l’Orient qu’il fut jusqu’en 1975, en passant par l’enfer d’une guerre destructrice de 15 ans, suivie par 30 années de « reconstruction/pillage » par les barons de la guerre associes à des milliardaires formule 21eme siècle, le Liban se dirige tout simplement vers la formule Somalienne, d’un etat failli gouverne par des hordes barbares (et Dieu sait qu’elles sont nombreuses et de tous poils dans la région).

Insouciants, inconscients mais surtout vivant dans le déni, une partie (surtout chrétienne) des libanais « résiste ». D’autres ont déjà émigré ou se préparent à émigrer. Enfin certaines populations s’organisent en vue de se tailler une part du gâteau :

- Les sunnites qui continuent à rêver de s’allier aux refugies palestiniens enfin naturalises,
- Les chiites qui poursuivent leur rêve persan du croissant Téhéran-Baghdâd-Damas- Beyrouth.

La crise financière résultat des 30 années de « reconstruction/pillage » est d’un grotesque absolu. Les pilleurs ayant pris gout au gain institutionnalisé et facile, semblent vouloir achever leur razzia ne se rendant pas compte que la formule somalienne les emportera, à moins que certains ne soient complices dans l’établissement de cette formule qui leur permettra de rester maitres dans leurs « Baronnies féodales ». Machiavélique !

Autant vous dire que l’ambiance exige une attention éveillée et continue de votre ami Riad qui doit continuellement veiller au grain. Mon caractère de releveur de défis, que je dois à ma nature, à mon éducation, et dernièrement à l’appui et à l’encouragement de mes deux enfants, Fouad et Diane, fait que je ne baisse pas la garde.

Ceci veut dire un train d’enfer pour parer à des obligations de tout genre, professionnelles, publiques, personnelles. Combien de temps ceci durera-t-il ? Le temps nécessaire à l’éclatement du pays. Nous nous y dirigeons lentement mais surement accompagnes d’un vide politique total.

La nouvelle équipe ministérielle n’est qu’une simagrée des anciens dirigeants qui continuent à contrôler le pays mais qui ne veulent/peuvent plus paraitre directement face à une rue déchainée. Les libanais « sentent » le changement mais n’en le souffrent pas encore au point de transformer leur révolution pacifique et civilisée en révolte armée qui attaquerait les responsables de la crise.

Les groupes de la révolution pacifique et civilisée ont des idées, des doléances mais manquent de structures de pression pouvant changer le régime actuel ou même le remplacer. Une transition pacifique serait l’idéal mais l’environnement socio-politique libanais ne la facilite pas.

Février-Mars 2020 devraient être deux mois cruciaux car je doute que le pays puisse tenir plus longtemps, Les cartes seront abattues, l’avenir commencera à se dessiner, il me sera alors possible de planifier le futur. La guerre de 1975-1990 m’avait bien rodé à ce genre de survie, mes expériences iraquiennes jusqu’à l’invasion US de 2003 furent pleines d’enseignements, la guerre qui se poursuit en Syrie depuis 2011 m’a mis à jour pour affronter des situations encore plus extrêmes.

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